
La gravure mise en œuvre pour illuminer les fantasmes, une hallucination maîtrisée par le geste, mais un onirisme mutilé par la technique. Les aléas de l’imagination incisés par la pointe chronophage, foulés et découverts par le brunissoir ou bercés de noirs par les chimères de l’outil. La gravure nourrit autant qu’elle dévore.
B.M.

La gravure est une véritable opportunité pour l’artiste, l’opportunité d’un médium riche, varié, qui peut s’avérer complexe comme d’une élégante simplicité.
Le médium est essentiel, car il lui permet de “déposer” son geste créateur au plus juste, sans le trahir. Il est la matérialisation de la pensée vers l’acte. Que la technique soit déterminante pour son travail ou qu’elle se fasse oublier, elle est une étape nécessaire, qui dévoilera les aspirations du plasticien. L’artiste choisit sa méthode en fonction de sa sensibilité, qu’il peigne ou qu’il grave, sa partition peut être la même, mais la résonance des choix qu’il privilégie sera différente.
Avec la gravure, l’artiste entrera de prime abord dans un monde plus secret, mystérieux ou incompréhensible, tant les spécificités techniques sont diverses et particulières à cette discipline. Il devra mentaliser son art et en accepter les accidents qui vont joncher son parcours, le menant à vivre une aventure inédite.
Mentaliser son art, car la gravure a ceci de particulier qu’elle ne se révèle pas de suite aux yeux de l’artiste. Le travail sur la planche (la plaque de cuivre par exemple) n’est qu’une étape parmi d’autres dont les implications, comme les entailles déposées à la pointe-sèche ou les morsures provoquées par l’acide, ne sont déchiffrables qu’à l’impression finale. On apprécie son travail avec un “effet retard”. Et en miroir, comme le reflet de l’âme du créateur dans une vanité.
Vous trouverez ici quelques-unes de mes gravures, quelques entailles dans le cuivre qui ouvrent des chemins vers les mondes intérieurs, sillons qui serpentent depuis d’obscures hallucinations vers les lumières des regards.
B.M.

